Je
la regarde passer, le vent joue dans ses cheveux noir mi-long, elle resserre le col de son manteau s’arrête quelques secondes, longue et
fine liane citadine, les joues rougies par le froid.Elle se tient de
profile, le nez un peu long, froncé, comme suspendu indécise,
ajuste la sangle de son sac rouge sang sur l'épaule et se
remet en marche...
Je
porte lentement la tasse de café à mes lèvres ... Pouah
trop chaud, je me lève renversant la chaise pour foncer vers
le robinet...je déteste penser à ce que j’étais...
surtout quand je le vois de mes propre yeux.Je ne me pèse plus
depuis le quatrième et Noha à presque trois ans
aujourd'hui, trois ans que je laisse mes hanches s'épaissir,
que je rend plus souvent visite au dentiste des enfants qu'à
mon coiffeur, d’ailleurs je doute qu'il me reconnaisse.
La
pile de vaisselles sales qui me nargue me sape le morale je suis
fatiguée alors même que je n'ai encore rien fait.
Je
retourne irrésistiblement vers la fenêtre, me penche sur le
coté, elle à disparut...de toute façon elle
repassera à 17 heures 37 comme chaque jours de la semaine,
tout les matins à 9 heure moins 8, et le soir invariablement
sauf les week-end, les jours féries et le jeudi...oui le
jeudi elle rentre plus tôt 16 heure 29, l'heure à laquelle je
fait entrer les enfants, elle passe juste dans mon dos, son parfum
léger et frais me chatouille parfois le nez, nos regard
se sont même croisés,un jour que Jonas refusait de
rentrer.
Elle lui avait doucement caressé la joue alors que de
grosses larmes roulaient sur ses joues roses et rebondies pour
s'écraser sur le sol.
A
chaque fois le même sentiments mélangés la
culpabilité, elle me renvois à mon corps difforme
maltraité, les couches de graisse se sont superposées
avec les grossesses, encouragée par les remarques de mon entourage,
c'est normale d'avoir des envies, ce n'est pas grave juste un biscuit ...écoute tu ne va pas en faire une montagne, une femme enceinte est
toujours épanouie.
A
les entendre épanoui rime avec obèse!! le problème c'est qu’après avoir enfiler les boîte à biscuit les glaces
pour se consoler le soir. Les assiette de lasagnes, je me disait
t'inquiète!T'as toujours été svelte et fine, une
sportive comme toi un an et t'es de nouveau au top!!
Ca
fait 8 ans que je me répète que je vais m'y mettre...et aujourd'hui
elle, elle qui vient chaque jours me rappelle ce que je suis
devenue.
J'ouvre
le robinet me lave les mains lance un regard résignée
au lave vaisselles désespérément en
panne!
Comme
s'il pouvait se réparer seul...
Ca
y est le claquement sec de la porte retentit dans le silence comme
une détonation, je m’écroule sur la chaise le torchon m’échappe des mains et glisse sans bruit sur mes genoux, ma mains se
crispe sur le tablier rose et bleu un peu délavé.. tout
à coup je l'ai en horreur!
J’agrippe les lanières noués
sur la nuque et tente de les défaire je ne sent même pas
la douleur causé par les cheveux que j'arrache,les mots, ces
mots...
SES MOTS horribles résonne dans ma tête plus
douloureux...terribles mots qui laisse mon cœur verser ses larmes
rouges, quelque chose c'est brisé et c'est bien plus terrible
qu'un membre casse....
C'est
bien plus terrible parce qu’au fond il à raison, il y à
bien longtemps qu'il m'a perdu, dans cet amas de graisse, ces kilos
que j'ai patiemment érigé en mur entre nous.tellement bien
bâti qu'a présent je lui répugne, il n'ose plus
me regarder, il ne voit plus qu’a travers mes yeux ce que je voit,
chaque jours, grosse les joue rougie par l'effort, essoufflée
par une salve d'escalier à monter. Le ventre proéminent cette
apparence de femme enceinte, les gens me laisse encore la place galamment...je la prend trop honteuse pour avouer...non non je ne suis
pas enceinte, je suis grosse juste tellement énorme que je
suis passée d'un 38 à un 56,jetant tout mes escarpins,
les troquant pour des tennis plus confortable...m'habillant en stretch
au couleur grisée de l'hiver.
Même
mes cheveux, autrefois auburn soyeux et brillant ondulant en boucles
vibrantes, devenu gras et terne je les perd en masse il suffit que je
passe la main dedans et j'en ramasse une poignée.Comme si eux
aussi m'en voulaient ...Ou plutôt comme si eux aussi ne
voulaient plus faire partie de ce corps qui semblait vouloir me punir!
Résignée
je me penche pour ramassée les restes de lasagnes sur le sol,
le fracas de l'assiette se brisant résonne encore dans le
silence de la cuisine.Tout ça parce qu’il m'avait surprise à
picorer l'assiette bien garnis posée sur le bord de l'évier, j’avais bien vu à son regard écœuré et furieux
qu'il valait mieux que j'évite de me justifier,juste le laisser
me fusiller du regard, sa bouche qui laissait déferler un flot
d'injures...épaules voutées, tête baissée
j'essayais de reprendre mon souffle, ne pas me noyer... surtout
garder la tête hors de l'eau et attendre que la tempête
se calme.